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La manutention : un geste dont dépend le bien-être du soignant

Apprendre à lever un patient de son fauteuil et l'amener dans son lit

Réduire la définition de la manutention à celle qu’en donne le code du travail dans l’articleR4541-2, à savoir « toute opération de transport ou de soutien d’une charge de
levage, la pose, la poussée, la traction, le port ou le déplacement, qui exige l’effort physique d’un ou de plusieurs travailleurs », c’est oublier que la manutention des patients est avant tout un acte de soin.
Un acte qui ne se réduit donc pas à la simple opération de soulever, de déplacer ou de transporter un corps mais qu’il faut entendre plus largement comme ce qui permet à un
soignant de rendre possible une mobilisation que le patient, seul, serait dans l’incapacité d’accomplir, tout en intégrant une dimension éducative et/ou préventive.
Les enjeux des activités de manutention sont donc, aussi cruciaux pour les soignants que pour les personnes en charge. Maîtriser les techniques, gestes et postures sécuritaires
permet de prévenir les risques de troubles musculo-squelettiques (TMS) des professionnels du métier et contribue à l’évolution et l’amélioration de leurs conditions de travail.
Côté patients, une manutention adéquate participe à retarder la dépendance des personnes vulnérables et à préserver leur potentiel moteur et cérébral.

 

AFPC Formation propose différentes actions de formations et de prévention sur la manipulation des patients :

 

1- Evaluer avant de manipuler : un principe de base

Avant même de penser techniques de manutention (positions de levage, transferts, etc.), il convient, avant tout acte, de procéder à une évaluation de la situation et à celle du patient.
Un principe de base de prévention des risques, souvent négligé par ailleurs, qui revêt pourtant une importance capitale pour garantir la qualité d’un soin de manipulation.

L’évaluation de la situation pratique

Il s’agit de préparer et d’anticiper mentalement le trajet à réaliser ainsi que les éléments qui pourraient gêner la manutention. Elle doit se faire avant de commencer une manutention

Quelques exemples de questions à se poser avant, pendant et après la manutention du patient afin d’exercer une surveillance continue :

  • le lit est-il bloqué ?
  • est-il à hauteur variable ?
  • Le patient est-il sondé ?
  • pendant son déplacement , la perfusion suit-elle ?
  • une fois la manutention achevée; le patient peut-il toujours atteindre la sonnette ?)

 

L’évaluation du patient

Cette fois, ce sont les besoins et les capacités du patient que le soignant doit évaluer en se demandant de quel niveau d’assistance ce dernier a besoin, quelles sont sa capacité et sa volonté à comprendre et à coopérer lors de la manutention, et enfin, quelle méthode de manutention et quelle position sont à privilégier en regard des conditions médicales. La consultation du dossier de soin du patient, celle des transmissions qui sont susceptibles de modifier son approche et l’observation en situation de soin sont, à elles trois, nécessaires et indispensables pour obtenir les réponses à toutes ces questions.

2 – Les dimensions biomécaniques et physiologiques de l’acte de manutention

L’approche ergonomique de la manutention a permis de mettre en évidence l’importance de la charge physique des soignants, notamment dans les actes de manutention.

Lors des situations de manutention dans son service ou à domicile, l’aide-soignant va ainsi être amené à solliciter ses muscles, ses articulations, dont celles du rachis, pour permettre la transmission de la force indispensable au soulèvement ou au déplacement du patient. Cette contrainte sur le bas de la colonne vertébrale est fonction également de la distance de prise de la charge. Il s’agit du principe du « bras de levier » : plus cette distance est grande, plus la pression est importante.
Un ensemble de postures préventives à adopter ont ainsi été définies après observation afin de limiter les risques de TMS comme, par exemple, le fait de se rapprocher au plus près du patient pour diminuer la charge qui s’exerce sur la colonne vertébrale.

Si l’apprentissage de ces postures est indispensable à tout débutant, leur rappel par des modules de formation, tout au long de la carrière du soignant hospitalier ou en EPHAD, est également déterminant pour qu’il puisse se corriger si nécessaire et être capable d’adapter lui-même sa posture à chaque situation. Lors d’une manutention, les réactions du patient ne sont, en effet, pas toujours prévisibles et, de ce fait, les astreintes biomécaniques induites par les ajustements nécessaires à cette stabilité en cours de soin peuvent varier de façon importante.

3 – La manutention au cœur de la relation soignant-soigné

Tout ce que le patient peut faire lui-même va dans le sens de la conservation et de l’amélioration de sa santé. C’est une des règles de base du comportement soignant qui
trouve toute sa résonnance dans les actes de manutention. Lors de ces activités, la mobilisation des capacités physiques et cognitives du patient par l’aide-soignant va les placer tous deux en situation de coopération, le soigné devenant le partenaire du professionnel dans le contexte de la réalisation de l’acte. La progression dans l’exécution du soin doit s’effectuer grâce à la mise en œuvre commune des moyens physiques et cognitifs disponibles de part et d’autre, l’infirmier ou l’aide-soignant guidant son partenaire et s’ajustant à lui en fonction des effets observés et de l’objectif à atteindre.
En l’amenant ainsi à utiliser ses ressources, en l’encourageant, en le félicitant, c’est une véritable relation que le soignant entretient. Cette démarche d’accompagnement intégrée aux actes de manutention est une des clés pour éviter le morcellement des malades qui, soumis au contraire à une suite d’actes sans signification réelle, voient leur santé se dégrader plutôt que s’améliorer.

4- Quelle politique de prévention mener pour mieux protéger ?

Protéger les soignants, c’est aussi protéger les patients. Il est donc nécessaire de lutter contre les accidents du travail auxquels sont confrontés les soignants en agissant à 3
niveaux : la formation, l’ergonomie et l’organisation du travail.

Renforcer la formation

La formation des soignants est indispensable pour augmenter les savoir-faire des soignants, infirmiers et aide-soignants, et la connaissance de leurs capacités physiques.

Veiller à l’ergonomie

L’étude ergonomique des lieux d’exercice suivie d’un plan d’équipement visant à diminuer la charge de travail (lève-malades, lits à hauteur variable, aménagement des salles de bain, etc.) est tout aussi importante pour lutter contre les risques de TMS.

Organiser le travail

L’état du patient doit déterminer le choix de la technique à employer. S’il faut être 2, pour une raison de poids ou du bien-être du patient, il est nécessaire que l’équipe réponde à ces besoins. En cela et pour le bien-être de tous, une réflexion sur l’organisation du travail et des métiers de la santé est elle aussi nécessaire.

Si un seul de ces 3 leviers de prévention manque à l’appel, les résultats obtenus ne peuvent être à la hauteur des attendus.

5- De la manutention à la manutention relationnelle : un défi aux mains des décideurs

Permettre au soignant de retrouver le sens du « prendre soin » doit être une voie à privilégier pour préserver la santé des soignants et redonner du sens à leur métier. La pénibilité des tâches et les risques du métier n’étant plus à démontrer, la santé doit devenir une véritable préoccupation des décideurs et ce d’autant plus dans le contexte actuel. Exiger des soignants d’exercer correctement leur fonction d’opérateur de santé pour protéger le bien-être des patients nécessite avant tout de leur donner les moyens de concevoir et de construire une manutention relationnelle, en veillant en amont à leur bien-être.
En conclusion, bien-être du soignant et du patient sont indissociables. Ce qui est bon pour l’un sera bon pour l’autre et vice versa.

 

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